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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/52

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JANVIER 1893

chemises de rechange. Je trouve que l’assassin crie trop fort. C’est vrai, un homme qu’on assassine n’a qu’à se taire. Voilà M. Sarcey. Oh ! ces jeunes ! tous les mêmes ! Ils s’enrouent à insulter ce brave homme, et, dès qu’il paraît, il se précipitent tous pour le porter sur leur dos (tonneaux, chand’d’tonneaux) jusqu’à sa place. Qu’est-ce qu’il dit de la pièce de Madame Rachilde ? Il dit : Ah ! moi je veux bien ! Hein ! quel bon sens ! Pourquoi donc cette actrice est-elle si grande ? Pour décrocher le Rustre en cas d’incendie. Tiens, on distribue des coupe-papier. Une idée de Mme Lynx ; c’est gentil et cela vous remet. J’en bourre mes poches, moi. Dis donc, petit Carillon, donne m’en encore dix. Monsieur, vous qui avez l’air d’être quelque chose dans l’administration, est-ce que les cartes d’invitation numérotées sont celles qui ne comptent pas ? Voici mon numéro. Où est ma place ? Monsieur, je le regreffe, on s’est assis dessus.

Morized, mystère en deux tableaux par M. Jules Méry Musique fie scène de M. Ludovic Ratz. Que manque-t-il donc à cette pièce qui semble avoir tout pour elle ? En effet, elle possède des Bretons, un chêne germé d’un gland, une fleur sans parfum comme sans vertu inutile, l’écuyer Lannik, un glas, un fossoyeur, un baiser qui est un coup de couteau, un spectre qui parle en vers ou en prose, au choix, et de la musique de scène. Ne lui manquerait-il que de l’originalité ? Elle est bien écrite, en un style d’une élégance latine, un style de gens qui mettent des odeurs sur leurs mouchoirs, et les épithètes et les noms y sont dans un état constant d’indivision. Des baisers éternels flottent dans l’air fiiédi leurs parfums plus doux encensent les cieux calmes. Avec un peu plus de rime, ce serait insupportable. Elle est en outre, cette pièce, fort eurythmique, comme dirait mon ami Vallette. Les personnages se mettent tous en colère ensemble et paraissent sans cesse obéir à une sorte de commandement. Un, deux, trois, les voilà partis ; Owen : Tu en aimes un autre. Morized : J’en aime un autre. Owen : Et il t’aime Morized : Il m’aime. Owen ; Morized ! Morized : Laissez-moi. Owen : Je t’aime. Morized : Laissez-moi. Owen ; Tu es belle. Morized : Laisses-moi. Owen : Tu es mienne. Morized : Laissez-moi.