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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/53

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MERCVRE DE FRANCE

Owen : Tu n’iras pas. Morized : Tirai. Owen : Tu n’iras pas. Morized : J’irai. Owen : C’est moi qui t'aurai. Morized : Jamais. Owen : C’est moi qui t’aurai. D’ailleurs ces remarques sont enfantines. Morized appartient à un genre de pièces qui plaisent ou déplaisent, on ne sait pourquoi, et vous mettent en bonne ou mauvaise humeur sans qu’on puisse dire autre chose que : j’aime ou je n’aime pas ça. Le public de la répétion générale lui a fait un accueil froid, celui du lendemain s’est montré très satisfait. M. J. Méry aurait grand tort d’avoir quelque considération pour le premier. Monsieur, qu’est-ce que cette horloge ? C’est un spectre. Et ce paquet de limaces blanches ? C’est un fossoyeur qui s’est renversé du cierge sur le ventre. Que dit M. Sarcey ? Il dit : en somme, le temps passe. Quel sang-froid ! Quelle est, à côté de lui, cette ouvreuse déguisée en homme et dont la langue siffle, tricuspidale comme celle de Neptune ? Serait-ce Willy ? Ne te semble-t-il pas que ces chœurs chantent faux ? Oh toi,tu demanderais à un chien d’aboyer juste. Les Gueux, Sur la lisière d’un hois, pièces tirées du Théâtre en liberté de Victor Hugo. Oh ! un faune ! un faune pour de bon. C’est M. Raynaud qui l’a prêté. Il en élève en plaquettes : Le Signée Les Chairs profanes les Cornes du faune ; envoi franco contre des timbres-quittance Pourquoi parle-t-il si longtemps, celui-ci ? Dame, l’autre ne veut rien dire. Mais ils sont très bien, ces vers-là ; qu’est-ce que les journaux ont donc à écrire du mal de ce pauvre monsieur George : il a presque autant de talent que son grand-père. Le directeur devrait bien changer son souffleur. Mais c’est le souffleur qui dirige. Il convient, pour terminer, d’offrir aux acteurs, aux actrices (voir le programme), à toute la troupe, un fort bouquet de louanges. Mais ce qu’il faut surtout vanter, c’est la bonne grâce avec laquelle ils acceptent modestement de petits rôles, dans des pièces non encore jouées (Fauteurs qui ne sont pas trop célèbres.

Jules Renard.