errière un désert de sable, — sinon, on reste où l’on est, sur terre.
— Ah, je vous comprends ; c’est la
faute du temps.
— Justement, du temps !
Pourquoi mettre à la voile, lorsqû’aucune brise ne souffle sur le fjord ?
— Oui, pourquoi user du fouet ou
de l’éperon, quand aucun enjeu doré ne doit récompenser celui qui s’arrache à sa table et à son banc et part pour la chasse lointaine, porté haut en selle ? Un acte pareil pour l’acte lui-même est le fait de l’aigle, et les actes d’aigles de notre temps s’appellent vanité ; c’est bien votre pensée ?
. — Oui, tout à fait. Voyez le poirier, près
de la haie, — comme il est stérile et sans fleurs cette année. L’an dernier vous auriez vu comme il était beau avec sa tête courbée sous le poids des fruits.
— Je veux bien le croire ;
mais qu’en concluez-vous ?
— Oh, entre autres choses, que
c’est presqu’une impudence au Zacharias [1] de notre temps d’exiger une poire. Lorsque l’arbre s’est épuisé de fleurs l’an dernier, on ne peut exiger cette année la même floraison.
. — Je savais, de reste, que vous trouvez la
juste interprétation dans les choses imaginées, — quand l’histoire est finie.
. — Oui, la vertu de notre temps est d’une
autre sorte. Qui aujourd’hui s’arme pour la vérité ? Quel est l’enjeu de l’individu, si vous voulez ? Ou se trouve le héros ?
— Et où est la Valkyrie ?
— Il n’est pas besoin de Valkyrie
dans ce pays ! Lorsque la foi fut menacée l’an dernier en Syrie, êtes-vous parti pour la croisade ? Non, vous étiez ardent sur le papier, comme orateur, et vous avez envoyé un thaler à la « gazette de l’église ». (Silence. Falk semble vouloir répondre, mais se retient et remonte dans le jardin.)
— Falk, êtes-vous fâché ?
, — Du tout, je marche et me tais, — voilà tout.
{{personnageD|Svanhild |c|
- ↑ Expression populaire : As-tu eu la poire, Zacharias ? pour : As-tu réussi ?