Page:Mercure de France - 1896 - Tome 17.djvu/210

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Guldstad avec une pointe de compassion malicieuse.) Eh bien, Monsieur le négociant !

Guldstad, joyeux

— À mon avis, tout présage leur

bonheur à tous deux.

Falk, avec un regard rapide

— Vous-supportez la

peine avec un calme méritoire. Cela me fait plaisir.

Guldstad

. — Que voulez-vous dire, très honoré ?

Falk

. — Rien que, après avoir nourri l’espoir pour

vous-même —

Guldstad

. — Vraiment ? Vous croyez ?

Falk

. — Vous étiez pour le moins sur le chemin ;

vous avez nommé Mlle Halm ; et vous m’avez demandé —

Guldstad, souriant

— Oui, mais n’y en a-t-il pas

deux ?

Falk

. — C’est — l’autre, la sœur, que vous voulez

dire !

Guldstad

. — Oui, la sœur, l’autre, — justement.

Apprenez à connaître mieux cette sœur, et jugez vous-même si elle ne mérite pas d’être un tant soit peu plus remarquée que tout ce qui se passe maintenant dans la maison.

Falk, froidement

— Elle a sûrement toutes les

qualités.

Guldstad

. — Pas précisément toutes ; elle n’a pas

le vrai ton du monde : elle perd par là —

Falk

. — Oui, c’est fâcheux.

Guldstad

. — Mais que Mme Halm veille à cela

pendant un hiver, je parie qu’elle ne le cédera à personne.

Falk

. — Non, la chose est claire.

Guldstad, riant

— Oui, c’est curieux avec les jeunes

filles !

Falk, enjoué

— Elles sont comme la semence de seigle ;

elles poussent inaperçues sous le givre et la neige.

Guldstad

. — Depuis la Noël elles ne quittent plus

les salons de bal —

Falk

. — Elles s’y nourrissent de cancans et de scandales —

Guldstad

. — Et quand viennent les premières chaleurs

du printemps. —

Falk

. — On voit apparaître de toutes petites dames

vertes !

Lind, s’avance et saisit les mains de Falk

— Comme

j’ai bien fait ; pour le mieux — je me sens si heureux et sûr !

Guldstad

. — Ah, voilà le fiancé ; dites-nou