. — Mais comme c’est gentil d’avoir pris les
petits avec vous à la ville.
Straamand. — Nous avons encore quatre bambins, outre celles-ci.
. — Vraiment ?
Straamand. — Trois d’entre eux sont encore trop petits pour sentir la perte d’un père chéri absorbé par le storthing.
— Maintenant,
je vous laisse.
. — Oh pourquoi partez-vous de si bonne
heure ?
. — Je vais en ville raconter la nouvelle ;
je sais que chez Jensen on se couche tard ; oh, les tantes vont être enchantées, vous pouvez croire. Ma douce Anna, plus de timidité ; — c’est demain dimanche ; les compliments vont pleuvoir de tous côtés !
. — Bonsoir alors ! (Aux autres.) Une goutte
de thé, n’est-ce pas ? Madame Straamand, je vous prie !
(Mme Halm, Straamand, sa femme et ses filles, ainsi que Guldstad, Lind et Anna, entrent dans la maison.)
— Maintenant,
nous allons flirter ! Styver, vois-tu, là, comme la lune siège en nageant sur son trône ! Non, mais tu ne le vois pas !
— Mais si ; je pensais seulement à
l’emprunt.
(Ils sortent à gauche[1]. Falk, qui pendant la scène précédente n’a pas cessé de regarder Straamand et sa femme, reste seul dans le jardin. Il fait tout à fait nuit ; des lumières brillent dans la maison.)
. — Tout est comme ravagé par le feu, mort ;
— une détresse irréparable ! — Ainsi l’on s’en va par le monde, deux par deux ; et ils sont là tous comme des troncs noircis, restes d’une forêt incendiée sur la terre désolée ; — si loin que le regard s’étende, tout est desséché, — Oh, personne, qui m’apporte la saine verdure de la vie. (Svanhild sort sur la terrasse avec un rosier en fleurs, qu’elle pose sur la balustrade). Si, une, — une — !
— Falk ! êtes-vous là dans l’obscurité ?
. — Sans prendre peur ? Non, l’obscurité est
belle. Mais dites-moi, n’avez-vous pas peur, la-dedans, où la lampe éclaire ces cadavres blêmes —
. — Oh fi !
{{personnageD|Falk|c|regarde Straamand, qu’on aperçoit par la fenêt
- ↑ ganche -> gauche ?