Page:Mercure de France - 1896 - tome 18.djvu/76

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veilleusement tissées, avec double résonance, une haute pour la joie de la vie, et une, qui vibre en bas, profonde et longue. (S’adressant séparément aux étudiants.) Tu as la palette ? — Toi du papier à musique ? Bien ; répandez-vous, essaim, dans ce vert feuillage, nous apporterons le pollen des fleurs à la reine de la ruche, à notre grand’mère ! (Tourné vers la société, tandis que les étudiants s’en vont et que l’on entend légèrement le chœur du premier acte.) Pardonnez-moi tout, les grandes choses et les moindres, je ne veux rien me rappeler ; (à voix basse) mais de tout me souvenir.

Straamand (dans une joie débordante). — Et, voici que le pot du bonheur est de nouveau plein ! Ma femme a un espoir, une douce promesse — (Il le prend à part et lui dit à voix basse.) Elle vient de me confier, la chère âme — (peu perceptible par-ci par-là.) Si tout va bien… à la Saint-Michel… le treizième !

Styver

(avec Mlle Skære à son bras, se tourne vers

Falk, avec un soutire de triomphe, et dit, en indiquant le prêtre). — J’aurai les cent thalers, m’établirai —

Mlle Skæere (avec un salut ironique). — À Noël, je jette ma robe de fille.

Anna

(de même en prenant le bras de son fiancé). —

Mon Lind reste ici, laissons la foi tranquille —

Lind

(dissimule sa contrainte). — Et je chercherai un

poste de professeur dans une école de filles.

Mme Halm

. — J’exercerai Anna à toutes sortes de

talents —

Guldstad

(sérieux). — Je vais au travail avec un

poème sans faste — sur quelqu’un qui vit pour un devoir sacré.

Falk

(avec un sourire par-dessus la foule). — Et moi

je vais là-haut — vers les possibilités d’un avenir ! Adieu ! (À voix basse à Svanhild.) Dieu te bénisse, épouse de ma vie printanière ; si loin que j’aille, mes actes t’atteindront !

(Il agite sa casquette et suit les étudiants.)
Svanhild

(le suit un instant du regard et dit à mi-voix,

mais fortement). — Maintenant j’ai fini ma vie de plein air ; maintenant les feuilles tombent ; que le monde me prenne.

(À ce moment on joue un air de danse sur le piano, et les bouchons de champagne sautent au fond. Les messieurs se précipitent avec les dames à leur bras ; Guldstad s’approche de Svanhild et s’incline devant elle ; elle tressaille un instant, mais se ressaisit et lui tend la main.