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MAI 1898

sultât les astres plus outre, la route illuminée par les projections, selon des voies en étoile hors de l’église, des hauts vitraux versicolores comme des paroles.

XV

DE L’ÎLE SONNANTE.

À Claude Terrasse.

« Heureux le sage, ditle Chi-Hing, qui dans la vallée où il vit solitaire, se plaît à entendre le son des cymbales ; seul, dans son lit, s’éveillant, il s’écrie : Jamais, je le jure, je n’oublierai le bonheur que j’éprouve ! »

Le seigneur de l’île, nous ayant salué en ces termes, nous mena à ses plantations, fortifiées d’éoliens balisages de bambous. Les plantes les plus communes y étaient les taroles, le ravanastron, la sambuque, l’archiluth, la pandore, le kin et le tché, la turlurette, la vina, le magrepha et l’hydraule. Dans une serre érigeait ses cous nombreux et son haleine de geyser l’orgue à vapeur donné à Pépin en 757 par Constantin Copronyme, et importé dans l’Île Sonnante par sainte Corneille de Compiègne. On y respirait encore l’octavin, le hautbois d’amour, le contrebasson et le sarrusophone, le biniou, le zampogna, le bag-pipe ; la chérée du Bengale, l’hélicon contrebasse, le serpent, le cœlophone, les saxhorns et l’enclume.

La température de l’île est modérée selon la consultation de thermomètres appelés sirènes. Au soistice d’hiver, la sonorité atmosphérique tombe du jurement du chat au vrombissement de la guêpe, du bourdon et à la vibration d’aile de mouche. Au solstice d’été, toutes les plantes susnommées fleurissent, jusqu’à la chaleur suraiguë du vol des insectes au-dessus des herbes de notre terre. La nuit,