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MERCVRE DE FRANCE

Saturne y choque son sistre en son anneau. Le soleil et la lune y éclatent, à l’aube et au crépuscule, comme des cymbales divorcées.

« Ha ha,» commença Bosse-de-Nage désireux d’assurer sa voix avant de la mêler à la musique universelle ; mais les deux astres se heurtèrent en un baiser réconcilié, et le planteur célébra cet événement retentissant :

« Heureux le sage, s’écria-t-il, qui, sur le penchant d’une montagne, se plaît au son des cymbales ; seul dans son lit en s’éveillant, il chante : Jamais, je le jure, mes désirs n’iront au delà de ce que je possede ! »

Et Faustroll, avant de prendre congé, but avec lui du génépi distillé sur les sommets, et l’as exhala sous mes rames sa route chromatique. Sur deux styles éleves vers les deux astres qui sonnaient les heures d’union et de division de la touche noire et de la touche diurne, un petit enfant nu et un vieillard blanc chantaient vers le double disque d’argent et d’or :

Nocte di-e que biba - -
- - - - - - mus

Le vieillard mugit la sélection des syllabes immondes, et le soprano séraphique reprit, en se joignant au chœur des anges, des Trônes, des Puissances et des Dominations :

« … pel, a-mor mor, oc-cu-pet, cu, pet, a-mor oc-cu, semper nos amor occupet. »