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une géométrie à quatre Dimensions. Le Professeur Simon Newcomb exposait celle-ci il y a quatre ou cinq semaines à la Société Mathématique de New-York. Vous savez comment sur une surface plane qui n’a que deux dimensions on peut représenter la figure d’un solide à trois dimensions, et de là, ils soutiennent que par des images de trois dimensions ils pourraient en représenter une de quatre s’il leur était possible de se rendre compte de la perspective de la chose. Vous comprenez ?

— Je pense que oui, murmura le Provincial, et fronçant les sourcils il tomba en d’introspectives réflexions, ses lèvres s’agitant comme celles de quelqu’un qui répète des paroles mystiques. Oui, je crois que j’y suis, maintenant, dit-il au bout d’un moment, et sa figure s’éclaira d’une façon tout à fait transitoire.

— Bien ! je n’ai pas de raison de vous cacher que depuis un certain temps je me suis occupé de cette géométrie des Quatre Dimensions. J’ai obtenu quelques résultats curieux. Par exemple, voici une série de portraits de la même personne, à huit ans, à quinze ans, à dix-sept ans, un autre à vingt-trois ans et ainsi de suite. Ils sont évidemment les sections, pour ainsi dire, les représentations sous trois dimensions d’un être à quatre dimensions, qui est fixe et inaltérable.

— Les hommes de science, continua l’Explorateur du Temps, après la pause requise pour une convenable assimilation de ses derniers mots, savent parfaitement que le Temps n’est qu’une sorte d’Espace. Voici un diagramme scientifique bien connu : cette ligne, que mon doigt suit, indique les mouvements du baromètre. Hier, il est monté jusqu’ici, hier soir il est descendu jusque là, puis ce matin il s’élève de nouveau, et doucement il arrive jusqu’ici. À coup sûr, le mercure