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Page:Mercure de France - 1898 - Tome 28.djvu/589

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n’a tracé cette ligne dans aucune des dimensions de l’Espace généralement reconnues ; il est cependant certain que cette ligne a été tracée, et nous devons donc en conclure qu’elle fut tracée au long de la dimension du Temps.

— Mais, dit le Docteur en regardant fixement brûler la houille, si le Temps n’est réellement qu’une quatrième dimension de l’Espace, pourquoi l’a-t-on toujours considéré et le considère-t-on encore comme différent ? Et pourquoi ne pouvons-nous pas nous mouvoir çà et là dans le Temps, comme nous nous mouvons çà et là dans les autres dimensions de l’Espace ?

L’Explorateur du Temps sourit :

— Êtes-vous bien sûr que nous pouvons nous mouvoir librement dans l’Espace ? Nous pouvons aller à gauche et à droite, en avant et en arrière assez librement, et on l’a toujours fait, j’admets que nous nous mouvons librement dans deux dimensions. Mais que direz-vous du mouvement de haut en bas et de bas en haut ? Il me semble que la gravitation nous limite singulièrement là.

— Pas précisément, dit le Docteur, il y a les ballons.

— Mais avant les ballons, et si l’on excepte les bonds spasmodiques et les inégalités de surface, l’homme n’a pas la moindre capacité du mouvement vertical.

— Toutefois, il peut se mouvoir quelque peu de haut en bas et de bas en haut.

— Plus facilement, beaucoup plus facilement de haut en bas que de bas en haut.

— Et vous ne pouvez nullement vous mouvoir dans le Temps ; il vous est impossible de vous éloigner du moment présent.

— Mon cher ami ; c’est là justement ce qui vous trompe. C’est là justement où le monde entier est dans l’erreur. Nous nous éloignons incessamment