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de ses pieds sur le devant de foyer. Sur cette table il plaça son mécanisme. Puis, il approcha une chaise et s’assit.

Le seul autre objet sur la table était une petite lampe à abat-jour dont la brillante clarté éclairait en plein la machine. Il y avait aussi là environ une douzaine de bougies, deux dans des appliques, de chaque côté de la cheminée, et plusieurs autres dans des candélabres, de sorte que la pièce était brillamment illuminée. Je m’assis moi-même dans un fauteuil bas, tout près du feu, et je l’attirai en avant de façon à me trouver presque entre l’Explorateur du Temps et le foyer. Filby s’était assis derrière lui, regardant par-dessus son épaule. Le Docteur et le Provincial l’observaient par côté et de droite ; le Psychologue, de gauche ; le Très Jeune Homme se tenait derrière le Psychologue. Nous, étions tous sur le qui-vive ; et il me semble impossible que, dans ces conditions, nous ayons pu être dupes de quelque supercherie.

L’Explorateur du Temps nous regarda tour à tour, puis il considéra sa machine.

— Eh bien ? dit le Psychologue.

— Ce petit objet n’est qu’un modèle, dit l’Explorateur du Temps en posant ses coudes sur la table et joignant ses mains au-dessus de l’appareil. C’est le projet que j’ai fait d’une machine pour voyager à travers le Temps. Vous remarquerez qu’elle a un air singulièrement louche, et que cette barre scintillante a un aspect bizarre, comme en quelque sorte irréel — il indiqua la barre avec son doigt. — Voici encore ici un petit levier blanc, et là, en voilà un autre.

Le Docteur se leva et examina curieusement la chose.

— C’est admirablement construit, dit-il.

— J’ai mis deux ans à la faire, répondit l’Explorateur du Temps. Puis lorsque nous eûmes tous