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Page:Mercure de France - 1898 - Tome 28.djvu/598

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ses mains des supercheries. C’est une erreur de faire les choses trop facilement. Les gens graves qui le prenaient au sérieux ne se sentaient jamais sûrs de sa manière de faire. Ils semblaient en quelque sorte sentir qu’engager leurs réputations de sain jugement avec lui, c’était meubler une école avec des objets de porcelaine tendre. Aussi je ne pense pas qu’aucun de nous ait beaucoup parlé de l’Explorateur du Temps dans l’intervalle qui sépara ce jeudi-là du suivant, bien que tout ce qu’il comportait de virtualités bizarres hantât sans aucun doute la plupart de nos esprits : ses éventualités, c’est-à-dire, tout ce qu’il y avait de pratiquement incroyable, les curieuses possibilités d’anachronisme et de complète confusion qu’il suggérait. Pour ma part, j’étais particulièrement préoccupé par l’expérience faite avec le mécanisme modèle. Je me rappelle avoir discuté la chose avec le Docteur que je rencontrai le vendredi au Linnœan. Il me dit avoir vu une chose semblable à Tübingen, et il attachait une grande importance à la bougie soufflée. Mais il ne pouvait expliquer de quelle façon le tour se jouait.

Le jeudi suivant, je me rendis à Richmond — car j’étais ; je crois, un des hôtes les plus assidus de l’Explorateur du Temps — et, arrivant un peu tard, je trouvai quatre ou cinq amis déjà réunis au salon. Le Docteur était adossé à la cheminée, une feuille de papier dans une main et sa montre dans l’autre. Je cherchai des yeux l’Explorateur du Temps.

— Il est maintenant sept heures et demie, dit le Docteur ; je crois que nous ferons mieux de dîner.

— Où est-il ? dis-je en nommant notre hôte.

— C’est vrai, vous arrivez seulement. C’est singulier. Il est inévitablement retenu, il a laissé ce mot pour nous inviter à nous mettre à table à sept