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nickel, d’ivoire ; d’autres avaient été limées ou sciées dans le cristal de roche. L’ensemble était à peu près complet, sauf les barres de cristal torse qui restaient inachevées sur un établi, à côté de quelques esquisses et plans ; et j’en pris un pour le mieux examiner : il semblait être de quartz.

— Voyons ! dit le Docteur, parlez-vous tout à fait sérieusement ? ou bien n’est-ce qu’une supercherie, comme ce fantôme que vous nous avez fait voir à Noël dernier ?

— J’espère bien, dit notre ami, en élevant la lampe, explorer le Temps sur cette machine. Est-ce clair ? Je n’ai jamais été si sérieux de ma vie.

Aucun de nous ne savait comment prendre cela.

Je rencontrai le regard de Filby par-dessus l’épaule du Docteur ; et il eut un solennel clignement de paupières.


III

L’EXPLORATEUR REVIENT


Je crois qu’aucun de nous ne crut alors à la machine. Le fait est que notre ami était un de ces hommes qui sont trop intelligents, trop habiles ou trop adroits pour qu’on les croie ; on avait avec lui l’impression qu’on ne le voyait jamais en entier ; on suspectait toujours quelque subtile réserve, quelque ingénuité en embuscade, derrière sa lucide franchise. Si c’eût été Filby qui nous eût montré le modèle et expliqué la chose, nous eussions été à son égard beaucoup moins sceptiques. Car nous nous serions rendu compte de ses motifs : un charcutier comprendrait Filby. Mais l’Explorateur du Temps avait plus qu’un soupçon de fantaisie parmi ses éléments, et nous nous défiions de lui. Des choses, qui auraient fait la renommée d’hommes beaucoup moins capables, semblaient entre