Page:Mercure de France - 1898 - Tome 28.djvu/613

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avant, hésita et puis toucha ma main. Je sentis alors d’autres petits et tendres tentacules sur mon dos et mes épaules. Ils voulaient se rendre compte si j’étais bien réel. Il n’y avait rien d’alarmant à tout cela. De fait, il y avait dans les manières de ces jolis petits êtres quelque chose qui inspirait la confiance — une gracieuse gentillesse, une certaine aisance puérile. Et d’ailleurs ils paraissaient si frêles que je me figurais pouvoir renverser le groupe entier comme des quilles. Mais je fis un soudain mouvement pour les prévenir, lorsque je vis leurs petites mains roses tâter la machine. Heureusement, et alors qu’il n’était pas trop tard, j’aperçus un danger auquel jusqu’alors je n’avais pas pensé. J’atteignis les barres de la machine, je dévissai les petits leviers qui l’auraient mise en mouvement, et je les mis dans ma poche. Puis je cherchai à nouveau ce qu’il y aurait à faire pour communiquer avec mes hôtes.

« Alors, examinant de plus prés leurs traits, j’aperçus de nouvelles particularités dans leur genre de joliesse de porcelaine de saxe. Leur chevelure, qui était uniformément bouclée, se terminait brusquement sur les joues et le cou ; il n’y avait pas le moindre indice de système pileux sur la figure, et leurs oreilles étaient singulièrement menues. Leur bouche était petite, avec des lèvres d’un rouge vif, mais plutôt minces ; et leurs petits mentons finissaient en pointe. Leurs yeux étaient larges et doux et — ceci peut sembler égoïste de ma part — je me figurai même alors qu’il leur manquait une partie de l’intérêt que je leur avais supposé tout d’abord.

« Comme ils ne faisaient aucun effort pour communiquer avec moi, mais simplement m’entouraient, souriant et conversant entre eux avec des intonations douces et caressantes, j’essayai d’entamer la conversation. Je leur indiquai du doigt la