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résolu le problème du monde — pénétré le mystère de l’existence de ces délicieux êtres. Il se pouvait que les moyens qu’ils avaient imaginés pour restreindre l’accroissement de la population eussent trop bien réussi, et que leur nombre, au lieu de rester stationnaire, eût plutôt diminué. Cela eût expliqué l’abandon des ruines. Très simple était mon explication, et suffisamment plausible — comme le sont la plupart des théories erronées.

VII

UN COUP INATTENDU


« Tandis que je méditais sur ce trop parfait triomphe de l’homme, la pleine lune, jaune et gibbeuse, surgit au nord-est d’un débordement de lumière argentée. Les brillants petits êtres cessèrent de s’agiter au-dessous de moi, un hibou silencieux voltigea, et je frissonnai à l’air frais de la nuit. Je me décidai à descendre et à trouver un endroit où je pourrais dormir.

« Des yeux, je cherchai l’édifice que je connaissais. Puis mon regard se prolongea jusqu’au Sphinx Blanc sur son piédestal de bronze, de plus en plus distinct à mesure que la lune montante devenait plus brillante. Je pouvais voir, tout auprès, le bouleau argenté. D’un côté, le fourré enchevêtré des rhododendrons sombre dans la lumière pâle ; de l’autre la petite pelouse. Un doute singulier glaça ma satisfaction. — Non, me dis-je résolument, ce n’est pas la pelouse.

« Mais c’était la pelouse, car la face lépreuse et blême du Sphinx était tournée de son côté. Imaginez-vous ce que je dus ressentir lorsque j’en eus la parfaite conviction. Mais vous ne le pourrez pas… La Machine avait disparu !

« À ce moment, comme un coup de fouet à tra-