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Page:Mercure de France - 1899 - Tome 32.djvu/130

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l’œuf de cristal

rappelant vaguement les singes, le corps blanc en partie transparent, paissant parmi les lichens. Une fois quelques-uns s’enfuirent devant un des Marsiens sautillants et à tête ronde ; celui-ci attrapa l’un de ces êtres dans ses tentacules, mais à ce moment le spectacle s’évanouit soudain, laissant M. Cave dans l’obscurité et tourmenté du désir d’en savoir plus long. Une autre fois, une chose énorme, que M. Cave prit d’abord pour quelque gigantesque insecte, apparut s’avançant avec une extraordinaire rapidité au long de la chaussée du canal. Quand elle s’approcha, M. Cave reconnut que c’était un mécanisme de métal étincelant, d’une extraordinaire complexité. Puis, quand il voulut l’examiner de nouveau, il était hors de vue.

Bientôt M. Wace ambitionna d’attirer l’attention des Marsiens, et la première fois que les étranges yeux de l’un d’eux apparurent contre l’œuf de cristal, M. Cave se mit à pousser des cris, fit un bond en arrière, et, ayant immédiatement éclairé la chambre, ils commencèrent à gesticuler de façon à suggérer l’idée de signaux. Mais quand M. Cave retourna examiner le cristal, le Marsien n’était plus là.

Ces observations s’étaient poursuivies pendant la première moitié de novembre, et M. Cave, à cette époque, supposant que les soupçons de sa famille quant à l’œuf de cristal étaient calmés, s’aventura à l’emporter et le rapporter avec lui afin de pouvoir, quand l’occasion s’en présenterait, dans la journée ou le soir, se réconforter avec ce qui était devenu rapidement la chose la plus réelle de son existence. En décembre, les travaux de M. Wace, par suite d’un examen prochain, devinrent plus absorbants ; les séances furent à contre-cœur suspendues pour une