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mercvre de france—xii-1899

tournés. Il faisait chaud et une bande d’excursionnistes revenant de Chertsey ou d’Isleworth passa en chantant et en jouant des instruments. Les fenêtres hautes des maisons s’éclairaient quand les gens allaient se coucher. De la station, venait dans la distance le bruit des trains changeant de ligne, grondant et retentissant, et que la distance adoucissait presque en une mélodie. Ma femme me fit remarquer l’éclat des feux rouges verts et jaunes des signaux se détachant dans le cadre immense du ciel. Le monde était dans une sécurité et une tranquillité parfaites.



ii

LE MÉTÉORE


Puis vint la nuit où tomba le premier météore. On le vit, dans le petit matin, passer au-dessus de Winchester, ligne de flamme allant vers l’est, très haut dans l’atmosphère. Des centaines de gens qui l’aperçurent durent le prendre pour une étoile filante ordinaire. Albin le décrivit comme laissant derrière lui une traînée grisâtre qui brillait pendant quelques secondes. Denning, notre plus grande autorité sur les météorites, établit que la hauteur de sa première apparition était de cent quarante à cent soixante kilomètres. Il lui sembla tomber sur la terre à environ cent cinquante kilomètres vers l’est.

À cette heure-là, j’étais chez moi, écrivant, assis devant mon bureau, et bien que mes fenêtres s’ouvrissent sur Ottershaw et que les jalousies aient été levées — car j’aimais à cette époque regarder le ciel nocturne – je ne vis rien du phénomène. Cependant, la plus étrange de toutes les choses, qui des espaces infinis vinrent sur la Terre, dut tomber pen-