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la guerre des mondes

de sable, surexcités et désordonnés, montant en courant la petite rue sous le soleil brillant, à l’heure où les marchands ouvraient leurs boutiques et les habitants les fenêtres de leurs chambres. Henderson se dirigea immédiatement vers la station afin de télégraphier la nouvelle à Londres. Les articles des journaux avaient préparé les esprits à admettre cette idée.

Vers huit heures, un certain nombre de gamins et d’oisifs s’étaient mis en route déjà vers la lande pour voir « les hommes morts tombés de Mars ». C’était la forme que l’histoire avait prise. J’en entendis parler d’abord par le gamin qui m’apportait mes journaux, vers neuf heures moins un quart. Je fus naturellement fort étonné et, sans perdre une minute, je me dirigeai, par le pont d’Ottershaw, vers les carrières de sable.



iii

SUR LA LANDE


Je trouvai une vingtaine de personnes environ rassemblées autour du trou immense dans lequel s’était enfoncé le cylindre. J’ai déjà décrit l’aspect de cette masse colossale enfouie dans le sol. Le gazon et le sable alentour semblaient bouleversés comme par une soudaine explosion. Nul doute que sa chute n’ait produit une grande flamme subite. Henderson et Ogilvy n’étaient pas là. Je crois qu’ils s’étaient rendu compte qu’il n’y avait rien à faire pour le présent et qu’ils étaient partis déjeuner.

Quatre ou cinq gamins assis au bord du trou, les jambes pendantes et s’amusant — jusqu’à ce que je les eusse arrêtés — à jeter des