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mercvre de france—xii-1899

pierres contre la masse géante. Après que je leur eus fait des remontrances, ils se mirent à jouer à chat au milieu du groupe de curieux.

Parmi ceux-ci étaient un couple de cyclistes, un ouvrier jardinier que j’employais parfois, une fillette portant un bébé dans ses bras, Gregg le boucher et son garçon, plus deux ou trois commissionnaires occasionnels qui traînaient habituellement aux alentours de la station du chemin de fer. On parlait très peu. Les gens du commun peuple n’avaient alors en Angleterre que des idées fort vagues sur les phénomènes astronomiques. La plupart d’entre eux contemplaient tranquillement l’énorme sommet plat du cylindre qui était encore tel qu’Ogilvy et Henderson l’avaient laissé. Le populaire, qui s’attendait à un tas de corps carbonisés, était, je crois, fort désappointé de trouver cette masse inanimée. Quelques-uns s’en allèrent et d’autres arrivèrent pendant que j’étais là. Je descendis dans le trou et je crus sentir un faible mouvement sous mes pieds. Le sommet avait certainement cessé de tourner.

Ce fut seulement lorsque j’en approchai de près que l’étrangeté de cet objet me devint évidente. À première vue, ce n’était réellement pas plus émouvant qu’une voiture renversée ou un arbre abattu par le vent en travers de la route. Pas même autant, à vrai dire. Cela ressemblait à un gazomètre rouillé, à demi enfoncé dans le sol, plus qu’à autre chose au monde. Il fallait une certaine éducation scientifique pour se rendre compte que les écailles grises qui le recouvraient n’étaient pas une oxydation ordinaire, que le métal d’un blanc jaunâtre qui brillait dans la fissure entre le couvercle et le cylindre n’était pas d’une teinte familière. Extra-