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mercvre de france—xii-1899

coudoyant, les quelques femmes n’étant en aucune façon les moins actives.

— Il est tombé dans le trou ! cria quelqu’un.

— En arrière ! crièrent des voix.

La foule s’agita quelque peu, et en jouant des coudes je me frayai un chemin entre les rangs pressés. Tout ce monde semblait grandement surexcité. J’entendis un bourdonnement particulier qui venait du trou.

— Dites donc, me cria Ogilvy, aidez-nous à maintenir ces idiots à distance. On ne sait pas ce qu’il peut y avoir dans cette diable de Chose.

Je vis un jeune homme, que je reconnus pour un garçon de boutique de Woking, qui essayait de regrimper hors du trou dans lequel la foule l’avait poussé.

Le sommet du cylindre continuait à se dévisser de l’intérieur. Déjà cinquante centimètres de vis brillante paraissaient ; quelqu’un vint trébucher contre moi et je faillis bien être précipité contre le cylindre. Je me retournai, et à ce moment le dévissage dut être au bout, car le couvercle tomba sur les graviers avec un choc retentissant. J’opposai solidement mon coude à la personne qui se trouvait derrière moi et tournai mes regards vers la Chose. Pendant un moment cette cavité circulaire sembla parfaitement noire. J’avais le soleil dans les yeux.

Je crois que tout le monde s’attendait à voir surgir un homme — possiblement quelque être un peu différent des hommes terrestres, mais, en ses parties essentielles, un homme. Je sais que c’était mon cas. Mais, regardant attentivement, je vis bientôt quelque chose remuer dans l’ombre — des mouvements incertains et houleux, l’un par-dessus l’autre — puis deux disques lumineux comme des yeux.