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la guerre des mondes

aussi que de faibles mouvements s’entendaient de temps à autre dans l’intérieur, mais que les ouvriers avaient dû renoncer à dévisser le sommet parce qu’il n’offrait aucune prise. Les parois paraissaient être d’une épaisseur énorme, et il était possible que les sons affaiblis qui parvenaient au-dehors, fussent les signes d’un bruyant tumulte à l’intérieur.

J’étais très content de lui rendre le service qu’il me demandait et de devenir ainsi un des spectateurs privilégiés en deçà de la clôture. Je ne rencontrai pas Lord Hilton chez lui, mais j’appris qu’on l’attendait par le train de six heures ; comme il était alors cinq heures un quart, je rentrai chez moi prendre le thé et me rendis ensuite à la gare.



iv

LE CYLINDRE SE DÉVISSE


Quand je revins à la lande, le soleil se couchait. Des groupes épars se hâtaient, venant de Woking, et une ou deux personnes s’en retournaient. La foule autour du trou avait augmenté, et se détachait noire sur le jaune citron du ciel — deux cents personnes environ. Des voix s’élevèrent et il sembla se produire une sorte de lutte à l’entour du trou. D’étranges idées me vinrent à l’esprit. Comme j’approchais, j’entendis la voix de Stent qui s’écriait :

— En arrière ! En arrière !

Un gamin arrivait en courant vers moi :

— Ça remue, me dit-il en passant — ça se dévisse tout seul. C’est du louche, tout ça — merci — je me sauve.

Je continuai ma route. Il y avait bien là, j’imagine, deux ou trois cents personnes se pressant et se