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la guerre des mondes

Enfin je consentis à aller avec lui, en nous abritant dans les bois, et de remonter vers le nord jusqu’à Street Cobham avant de nous séparer. De là, je devais faire un grand détour par Epsom pour rejoindre Leatherhead.

Je me serais mis en route sur-le-champ, mais mon compagnon avait plus d’expérience. Il me fit chercher dans toute la maison pour trouver un flacon qu’il remplit de whisky, et nous garnîmes toutes nos poches de paquets de biscuits et de tranches de viande. Ensuite, nous nous glissâmes hors de la maison et courûmes de toutes nos forces jusqu’au bas de la route raboteuse par où j’étais venu la nuit précédente. Les maisons paraissaient désertes. Sur la route, nous rencontrâmes un groupe de trois cadavres carbonisés, tombés les uns sur les autres quand le Rayon Ardent les atteignit ; ici et là, des objets que les gens avaient laissés tomber — une pendule, une pantoufle, une cuiller d’argent et de pauvres choses précieuses de ce genre. Au coin de la rue, près de la porte, une petite voiture chargée de malles et de meubles, et non attelée, était renversée sur ses roues brisées. Une cassette, dont on avait fait sauter le couvercle, était jetée sous les débris.

À part la loge de l’Orphelinat qui brûlait encore, aucune des maisons n’avait souffert beaucoup de ce côté-ci. Le Rayon Ardent n’avait fait que raser les cheminées en passant. Cependant, hormis nous deux, il ne semblait pas y avoir une seule personne vivante dans Maybury. La majorité des habitants s’était enfuie, par la route d’Old Woking, je suppose — la même route que j’avais suivie pour aller à Leatherhead — ou bien ils s’étaient cachés.

Nous descendîmes le chemin, passant de nou-