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mercvre de france—xii-1899

Il me sembla que le trou avait été agrandi et de temps en temps des bouffées de vapeur d’un vert vif en sortaient, montaient vers les clartés de l’aube — montaient, tourbillonnaient, s’étalaient et disparaissaient.

Au-delà, vers Chobham, se dressaient des colonnes de flammes. Aux premières lueurs du jour, elles se changèrent en colonnes de fumée rougeâtre.



xii

CE QUE JE VIS DE LA DESTRUCTION DE WEYBRIDGE
ET DE SHEPPERTON


Quand l’aube fut trop claire, nous nous retirâmes de la fenêtre d’où nous avions observé les Marsiens et nous descendîmes doucement au rez-de-chaussée.

L’artilleur convint avec moi que la maison n’était pas un endroit où demeurer. Il se proposait, dit-il, de se mettre en route vers Londres et de rejoindre sa batterie. Mon plan était de retourner sans délai à Leatherhead, et la puissance des Marsiens m’avait si grandement impressionné que j’étais décidé à emmener ma femme à Newhaven et de là j’espérais quitter immédiatement le pays avec elle. Car je me rendais déjà clairement compte que les environs de Londres allaient être inévitablement la scène d’une lutte désastreuse, avant que de pareilles créatures puissent être détruites.

Entre nous et Leatherhead, cependant, il y avait le troisième cylindre avec ses gardiens gigantesques. Si j’avais été seul, je crois que j’aurais tenté la chance de passer quand même. Mais l’artilleur m’en dissuada.

— Il n’y a pas de raison, dit-il, quand on a une femme supportable, pour la rendre veuve.