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L’ENFANT MALADE

rison. Et enfin, lorsqu’ils ont fait plusieurs visites à deux francs, la maladie s’est aggravée et ils vous disent : « Je ne comprends rien à votre enfant et vous déclare que vous ferez bien de le montrer à un autre médecin. »

Le second médecin ressemblait au premier. Fils d’un paysan riche, il voulait s’enrichir encore et brillait de manière à contracter un beau mariage, mais c’était un bon jeune homme d’alcool et de gaieté qui s’agitait et savait me faire rire. Nous allons à son cabinet, le jeudi matin, lorsque nous traversons la place du Marché. Il y a des gens, le jeudi matin, qui font leurs affaires en vendant des œufs : maman fait ses affaires en conduisant son petit au médecin. Vendre des œufs, c’est gagner de l’argent ; soigner son enfant, c’est gagner de la vie. Lorsque nous entrons, plusieurs personnes attendent et nous attendons notre tour en causant tout bas pour faire passer le temps. Maman dit : « Savoir ce qu’il va bien nous dire, aujourd’hui. C’est peut-être cette fois-ci qu’il te guérira. »

Petit cabinet du médecin avec des fauteuils, des tables et des livres, je vous revois. Vous me sembliez plein de luxe parce que vous étiez plein de tapis, vous étiez silencieux aussi pour accueillir les malades, et à cause de vos livres vous aviez l’air savant comme votre maître. Petit cabinet du médecin, vous étiez une petite chapelle où le Bon Dieu accueillait les blessés. Nous entrons ici pour connaître notre destin. Maman, un peu pâle, me tient par la main. Vous étiez très bonne, petite chapelle, lorsque le Bon Dieu me disait : « Assieds-toi. » Il me