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machine à vapeur. Ces bruits, pour la plupart problématiques, reprirent par intermittences, et semblèrent devenir plus fréquents à mesure que le temps passait. Bientôt, des secousses cadencées et des vibrations, qui faisaient tout trembler autour de nous, firent sans interruption sauter et résonner la vaisselle de l’office. Une fois, la lueur fut éclipsée et le fantastique cadre de la porte de la cuisine devint absolument sombre ; nous dûmes rester blottis pendant maintes heures, silencieux et tremblants jusqu’à ce que notre attention lasse défaillît…

Enfin, je m’éveillai, très affamé. Je suis enclin à croire que la plus grande partie de la journée dut s’écouler avant que nous ne nous réveillions. Ma faim était si impérieuse qu’elle m’obligea à bouger. Je dis au vicaire que j’allais chercher de la nourriture et je me dirigeai à tâtons vers l’office.

Il ne me répondit pas, mais dès que j’eus commencé à manger, le léger bruit que je faisais le décida à se remuer, et je l’entendis venir en rampant.



ii

DANS LA MAISON EN RUINES


Après avoir mangé, nous regagnâmes la laverie, et je dus m’assoupir de nouveau, car, m’éveillant tout à coup, je me trouvai seul. Les secousses régulières continuaient avec une persistance pénible. J’appelai plusieurs fois le vicaire à voix basse et me dirigeai à la fin du côté de la cuisine. Il faisait encore jour et je l’aperçus à l’autre bout de la pièce contre la brèche triangulaire qui donnait vue sur les Marsiens. Ses épaules étaient courbées, de sorte que je ne pouvais voir sa tête.