Page:Mercure de France - 1er mars 1930, tome 218, n° 761.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


La tache est rouge
L’eau ne bouge
Ce matin.

Sous l’ombre chaude
Un reflet rôde
D’émeraude.

Et de prés frais
Et de forêts
On sent à peine
L’haleine.

Pour un midi brûlant d’été,
Un ruisseau clair, une tourelle,
Ne va pas rêver, Isabelle,
De soleil et de liberté.



Mme Isabelle Rivière, la sœur du poète, était alors pensionnaire au lycée de Moulins. Elle ajoute à la communication de cette pièce inédite :

Mais on ne m’a pas donné la carte, parce qu’elle était signée : Henri, et que, n’est-ce pas, c’était « un jeune homme » ! On me l’a remise quand j’ai quitté le lycée.

M. Francis Jammes contribue par ce sonnet à l’hommage rendu à la belle mémoire d’Alain-Fournier :

Tel qu’un doux cygne, au col si fier que je n’ai vu
Rien de plus fier à l’heure où passe le jeune homme
Dont la Mort va s’éprendre en sachant qu’il se nomme
Alain-Fournier, et que les Muses l’ont élu,

Près de moi tu glissas, éphèbe en qui s’est plu
L’ardente pureté qui t’avait rendu comme
Le pâtre qui ne sait que le goût de la pomme
Et sa fraîcheur alors que sur elle il a plu.

Quel éblouissement, et combien je fus ivre,
Ce jour que, dans Orthez, ouvrant ton premier livre,
J’y reconnus l’enfant et les bohémiens !

Souffre donc qu’un vieillard en qui tu fis revivre
Le temps où tu n’étais pas né, qui fut mien,
T’offre de ses lauriers rajeunis par les tiens.