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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/108

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CHAPITRE VII

Quant aux paysans, nous ne pouvons pas, je le crains, modifier les démarcations des classes, sans risquer de déséquilibrer l’édifice social.

— Peut-être bien. Je n’ai rien à proposer.

— Mon amour, je voudrais vous prier de proposer si j’étais convaincu de pouvoir obéir.

— Vous êtes vraiment trop bon.

— Je ne trouve mon mérite que dans votre contentement.

Quoiqu’elle ne fût point avide de doux propos, elle ressentit la tranquillité de ce qui n’était pas allusion à ses mystères, à l’isolement dans leur union ; ce calme fit naître dans son cerveau, si tant est que ce soit le cerveau, la spécification de l’injure qu’il lui avait faite. Glissant d’impression en sentiment, les jeunes gens que leurs sensations poussent et distraient, peuvent difficilement savoir laquelle est cause de leur désarroi, à moins que ce soit par une grande vilaine injure, et Clara, dans sa caresse, n’avait ressenti aucune honte personnelle ; la gêne de son sexe ne fut qu’une protestation passagère qui ne laissait point de traces. Ainsi elle comprit que sa conduite avait été cruelle et dit : « Willoughby », parce qu’elle venait de remarquer qu’elle avait omis son nom dans tout ce qu’elle venait de dire.

Il lui accorda toute son attention.

Elle eut à inventer une suite : « J’allais vous prier, Willoughby, de ne point me gâter. Vous me faites des compliments. Je ne les mérite pas. Vous avez une