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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/109

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L’ÉGOÏSTE
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trop haute opinion de moi. C’est presque aussi méchant qu’un manque d’égards. Je suis… Je suis… mais elle ne put faire comme il avait fait ; sa petite esquisse d’elle-même en afféterie, lui évoqua ses sentiments réels, vilains, sérieux, cela tintait en minaudière simplicité, et tournait à l’hypocrisie. Comment pouvait-elle exposer ce qu’elle était ?

— Est-ce que je ne vous connais pas ? dit-il.

Les notes basses, mélodieuses, vibrantes de conviction, signifièrent mieux que les mots qu’aucune réponse ne serait la vraie. Elle ne pouvait y contredire sans faire virer sa musique en cacophonie ; sa complaisance en ahurissement. Elle tint sa langue coite, sachant qu’il ne la connaissait point, et spéculant sur l’obstacle, un vaste abîme, que leur différence de savoir creusait entre eux.

Il parla d’amis, qui étaient ses voisins et aussi les siens. Les demoiselles d’honneur furent citées.

— Miss Dale, ma tante Éléonore vous le dira, refuse, invoquant son peu de santé. Avec toutes ses réelles qualités, elle est vraiment une personne maladive. Il ne sera pas mauvais de n’avoir que des jeunes ladies de votre âge, un bouquet en boutons ; avec une fleur épanouie… Mais elle est décidée. Mon principal ennui, ce fut que Vernon a refusé d’être mon premier témoin.

— Comment, Mr Whitford refuse ?

— À moitié. Sans refus brutal, il prétexte une profonde horreur des cérémonies.

— Comme il a raison !