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L’ÉGOÏSTE

délicieux. C’est le ciel sur terre. Vous possédez tout ! Vos pensées, vos espoirs, tout !

Sir Willoughby bandait son imagination pour imaginer davantage. Il ne le put. Il continua : « Mais quel est ce conte, que Vernon va me quitter ? Cela ne se peut. C’est à peine s’il a de quoi dépenser cent livres par an. Vous voyez que je m’inquiète de lui. Je ne parle pas de l’ingratitude qu’il y a dans son désir de partir. Vous saurez, ma chère, que j’ai une mortelle aversion pour les séparations. Autant que je le peux, je m’entoure de gens bien portants pour épargner ma sensibilité ; excepté Miss Dale que vous aimez… Ma chérie l’aime bien ? — il fut content de la réponse — à part cette exception je ne prévois pas un cas qui puisse me tourmenter. Et voici un homme, qui, sans contrainte, parle de quitter le château ! Bon Dieu ! pourquoi ? Mais, pourquoi ? Faut-il que je le suppose en détresse par la vision d’une parfaite félicité ? On nous affirme que le monde est désespérément méchant. Je ne veux pas croire cela de mes amis, quoique souvent leur conduite soit difficile à expliquer.

— Même si c’était vrai, il ne faudrait pas que Crossjay en subisse les conséquences ! plaida Clara avec mollesse.

— Certes je me chargerai de Crossjay pour faire de lui un homme sur mon modèle. Mais qui vous a parlé de ceci ?

Mr Whitford lui-même. Et croyez-moi, Willoughby, il préférera emmener Crossjay, s’il y a lieu