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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/146

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CHAPITRE IX

votre aide. Il n’est pas… Il est loin d’être riche. Quand il aura quitté le château pour tenter la fortune à Londres par sa littérature, il se peut qu’il ne puisse aisément supporter la charge de Crossjay, pourvoir à son éducation. Il serait généreux de l’aider.

— Quitter le château ! s’exclama Willoughby. C’est le premier mot que j’en entends. Il fit un faux départ au début, j’ai cru qu’il en restait apprivoisé, il eut à jeter par dessus sa camaraderie, hum !… Puis, il y a quelque temps, il obtint une mince mission, et se résolut à partir à la poursuite de sa veine en littérature, du jeu tout pur comme je le lui ai dit : londoniser ne peut lui faire aucun bien. J’ai cru que ça lui avait passé avec l’âge. Qu’est-ce que je lui donne ? À peu près cent cinquante livres sterling par an ; pour obtenir le double il n’a qu’à demander ; et tous les livres dont il peut avoir besoin ; car ces écrivains et ces scoliastes n’ont pas plus tôt pensé à un livre qu’il le leur faut. Et ne croyez pas que je me plaigne. Je ne veux pas qu’un seul shelling s’en aille aux dépens de ceux qui m’entourent. J’avoue que j’exige cette manière de dépendance. Du moment que l’on peut se fier au lord, le féodalisme n’est pas répréhensible. Vous me connaissez, Clara, et il convient que vous connaissiez mes faiblesses. Je n’exige pas de la servitude, je réclame de l’affection. Je désire être entouré de personnes qui m’aiment. Dont une ?… La plus chère ! Afin qu’à nous deux, nous puissions écarter le monde. Vivre de la vie dont les autres rêvent. Rien ne peut s’imaginer d’aussi