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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/16

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PRÉLUDE

de tout ce qui est visible, et une répétition de tout ce qui s’entend, en compte principal de notre présente sonorité, et de ce prolongement d’espace et de bruit, comme d’un marécage stagnant, s’exhale la maladie de l’égoïsme, notre moderne maladie.

Quelle que soit la cure ou bien la cause, cette maladie nous l’avons. En corps, nous sommes allés à la science, l’autre jour, en quête d’un antidote, exactement comme de las piétons monteraient sur la machine des longs trains ; et la science nous présenta à nos primitifs ancêtres chenus — ils nous reçurent en posture orientale ; avec eux nous entreprîmes aussitôt un caquetage à surpasser le crépuscule bruissant d’une forêt de l’Amazone. Guéris ? Nous l’avons cru. Avant le lever du soleil, notre maladie nous agrippait avec l’extension d’un appendice caudal. Elle nous précédait, nous suivait. Nous étions comme devant, et animaux, par-dessus le marché. Ce fut tout ce que nous obtînmes de la science.

L’Art semble le spécifique. Mais qu’avons-nous à apprendre des singes ? Ce qu’il importe de savoir, c’est la méthode des lettres qu’il faut pour lire le livre du Bon sens ; afin que, en clarté d’esprit et gaieté de cœur, nous puissions échapper chantant et au grand jour au pays brumeux des coquecigrues. Est-ce que nous lirons ce livre à la loupe, en anneaux lumineux érupés de l’Infinitésimal ? Ou bien en commun, selon l’esprit gigantesque de la foule, qui est le sens comique ? Les sages optent pour ce dernier mode. Ils