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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/169

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L’ÉGOÏSTE

Elle comprit l’état de mariage avec lui, non pas comme le fait d’une femme liée à un homme, mais à un obélisque couvert d’hiéroglyphes, dont, perpétuellement, il lui aurait expliqué le sens, en prenant texte pour des sermons.

Il était certain que cet inébranlable homme de pierre ne voudrait point la lâcher. Cette pétrification d’égoïsme, d’étonnement en austérité, rejetterait la supplique. Son orgueil le débarrasserait de comprendre son désir d’être délivrée. D’ailleurs si elle s’y résolvait, sans s’y prendre uniment comme Constance, il fallait encore compter avec la misérable stupéfaction de son père à qui cette complication serait un tragique dilemme. Son père avec toute sa tendresse, serait resté intraitable sur le point d’honneur, et chérissant son enfant, il aurait été en détresse dans une tempête de fureur ; ainsi affligé, le docteur Middleton levait ses bras, il fuyait les livres, les discours, semblait une épave sur l’océan, avec rien entre lui et sa calamité. Quant au monde, elle l’aurait eu, aboyant, sur ses talons. L’homme à qui elle aurait pu le proclamer égoïste, le monde l’aurait traitée de coquette. Elle songeait avec amertume à l’assentiment qu’elle avait donné à Sir Willoughby concernant le monde, il était cause que le jardin de ses rêves se fût rempli d’orties, que son horizon ressemblât à la quatrième face, non éclairée, d’un square.

Clara s’en allait d’une personne à l’autre, de ceux