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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/170

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CHAPITRE X

qui étaient au château. Tous, elle fut forcée de le reconnaître, honnêtement admiraient leur hôte. Nul ne soupçonnait la bourbe de son caractère. En acceptant leurs compliments pour ses fiançailles avec Sir Willoughby, ses offres d’hypocrisie étaient médiocrement compensées par le mépris de leur fatuité. Elle essaya de se tromper elle-même en se disant qu’ils étaient dans le vrai, et qu’elle était folle et vicieusement capricieuse. Dans son angoisse, pour dompter la révolte qui de son cerveau lui était entrée dans le sang, et la tourmentait, qu’elle y pensât ou non, elle encourageait les ladies Éléonore et Isabelle à magnifier l’homme fictif, objet de leur idolâtrie, espérant ainsi se convaincre et qu’elle pût se soumettre aux exigences de la situation. Quand elle avait réussi à engourdir son antagonisme, cinq minutes de conversation avec son fiancé défaisaient l’ouvrage.

Il la pria de porter les perles de Patterne pour un dîner de grandes ladies, et il voulut donner l’ordre à Miss Isabelle de les lui donner. Clara s’en excusa, invoquant son défaut de droits à porter ces joyaux. Il se prit à rire de sa modestie : « Mais, vraiment, cela peut passer pour de l’affectation. Je vous donne le droit. Virtuellement vous êtes ma femme ! »

— Non.

— Devant le ciel ?

— Non. Nous ne sommes pas mariés.

— Comme ma fiancée, vous les porterez. Pour me faire plaisir.