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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/171

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L’ÉGOÏSTE

— Je préfère m’en dispenser. Je ne peux pas porter des bijoux qui me seraient prêtés. Veuillez m’excuser. Et de plus, Willoughby, disait-elle s’irritant de son manque de fermeté, en ne se tenant pas au refus simple, péremptoire et provocant, en cet arroi de joaillerie, j’aurais l’air d’une victime parée pour le sacrifice, la génisse enguirlandée qui se voit sur les vases grecs.

— Ma chère Clara ! s’exclamait l’amant éberlué, comment pouvez-vous dire que les bijoux vous seront prêtés ? Ils appartiennent à Patterne, ce sont les perles de la famille, incomparables, j’ose le dire, en ce comté et en bien d’autres. Ils vont à la maîtresse de la maison, par le cours naturel des événements.

— Ils sont à vous et non pas à moi.

— Par destination, ils sont vôtres.

— Ce serait donc une anticipation de les porter.

— Avec mon consentement ? Mon approbation ? À ma prière ?

— Je ne suis pas encore. Il peut arriver que je ne sois jamais.

— Ma femme ? Il eut un rire de triomphe et la fit taire en cajolerie virile.

Il avoua qu’après tout son scrupule était honorable. Peut-être était-il plus sûr de laisser les joyaux dans leur coffre de fer. Il avait cru lui faire une surprise et une joie.

Le courage lui venait pour s’expliquer plus clairement, quand il cessa d’insister qu’elle portât les