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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/179

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L’ÉGOÏSTE

marche sur le gravier, surpris de voir comme elle était animée.

Elle répondait à l’invitation en reculant sa main du coude plié, ses doigts hésitaient : « Il faut le faire sans retard, Willoughby. »

Son attitude avant que sa main l’eût touché, marquait une stipulation.

— Ce n’est qu’une affaire d’argent, Willoughby, disait Vernon. Quand je serai à Londres, dans les commencements je ne pourrai le faire, en tout cas ce serait peu certain.

— Mais pourquoi vous en aller ?

— C’est autre chose. Je voudrais que vous me remplaciez pour ce garçon.

— Dans ce cas tout changerait. Étant responsable de lui, je l’élèverais à ma manière.

— Bon ! Ça nous fera un benêt oisif de plus !

— Je promets d’en faire un gentleman.

— Il n’y en a que trop de vos gentlemen.

— Il n’y en aura jamais assez, mon bon Vernon.

— Oui, c’est l’apologie nationale de la paresse. Préparer un garçon sans le sou à en être, autant l’élever dans une tanière de voleurs. S’il ne devient pas un gibier de police, il sera tout aussi bien en guerre avec la société.

— Vernon, avez-vous vu le père de Crossjay, qui est à présent capitaine dans l’infanterie de marine ? Je crois que vous l’avez vu.

— C’est un brave homme et un brave officier.