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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/180

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CHAPITRE XI

— Et malgré toutes ses qualités, c’est un ours et un vieil ours. Il est capitaine, à présent, mais la promotion est venue sur le tard, vous le reconnaîtrez. Voilà donc un excellent homme, un vaillant officier, mais il est neutralisé par ce fait qu’il n’est pas un gentleman. Garder des relations avec lui, ce n’est pas possible. Il n’y a rien d’étonnant à ce que le Gouvernement lui refuse un avancement rapide. Le jeune Crossjay ne porte pas votre nom. Il porte le mien, à cause de quoi, je devrais avoir voix au chapitre pour lui choisir une carrière. Et je le dis avec emphase, l’approbation d’un salon est, pour un jeune homme qui veut faire son chemin dans la vie, le meilleur des certificats. Je sais un marchand de la cité de Londres et puis une étude d’avoué, qui ne veulent dans leur bureau que des hommes sortis de l’Université ; en tout cas, ils leur donnent la préférence.

— Crossjay a une tête de fer, qui n’est faite ni pour l’Université ni pour les salons. Il lui serait égal de se battre et de mourir pour vous. Mais ne lui demandez pas davantage.

Sir Willoughby se contentait de répondre : « Il me plaît, ce garçon. »

Son désir d’échapper à une réplique fit qu’il descendit dans le jardin, laissant Clara derrière lui. Il se retournait, lui disait en guise d’excuse : « Mon amour ! » Elle ne pouvait se donner un air sévère, mais elle eut un aspect rigide sans une fossette pour l’adoucir et ses yeux luisirent. Car elle avait parié dans