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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/49

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L’ÉGOÏSTE

« Comme c’est bien lui ! » Et par delà le large Atlantique ils battaient des mains, en admiration devant sa Seigneurie.

Ils le voyaient distinctement, comme à l’œil nu. Un mot, un trait de plume ou bien l’omission d’un mot, tout cela reflétait son image d’Amérique, du Japon, de la Chine, de l’Australie… Que dis-je ? même du continent de l’Europe, faisant sa revue anglaise de grotesques. Vernon, doux comme un agneau, sans aucun relief, joyeux d’un compliment, reconnaissant d’un dîner, s’évertuait à digérer tout ce qu’il voyait et entendait. L’un était un Patterne et l’autre un Whitford. L’un avait du génie, l’autre se traînait à sa suite, en disciple. L’un, partout où il lui plaisait d’aller, était le gentleman anglais ; l’autre, c’était quelque chose de neuf, venu en Angleterre sur le tard, incapable de se faire honneur, ni de faire honneur à son pays.

Vernon, dansant en Amérique, fut magistralement décrit par Willoughby,

En route pour le Japon il écrivait : « Adieu à nos cousins ! Il se peut que j’eus quelques succès dans leurs salles de bal, puis en leur montrant une assiette anglaise sur le dos d’un cheval, mais si je ne suis pas devenu populaire là-bas, j’accepte l’échec avec résignation. Je ne parvenais pas à chanter leur hymne national — si tant est qu’un amas d’États constitue une nation — et je dois confesser que je l’écoutai chanter avec une politesse frigide. C’est un grand