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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/48

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CHAPITRE IV

rique. Il voulait leur donner une esquisse, disait-il, « de nos démocratiques cousins ». Quels cousins ! Tous auraient pu servir dans l’infanterie de marine. Il promenait son type d’Anglais à travers ce continent et, en relatant simplement les faits, il donnait une idée de la comparaison. Il se révélait expert dans l’ironie des groupements incongrus. La nature de l’égalité sous le régime des étoiles et des raies fut décrite de cette manière : l’égalité ! « Ces nôtres cousins sont tout à fait divertissants ! Moi je compte parmi les descendants des Têtes-Rondes. De ci de là jaillit en bonne humeur, une allusion à nos anciennes dissensions intestines. Nous allons notre chemin, eux, le leur, dans la fervente conviction que le républicanisme opère des changements dans l’humaine nature. Vernon a peine à le croire. Les neuf dixièmes de nos cousins se modèlent sur les infernaux de Paris. Le reste sur les radicaux d’Angleterre, autant que me permet de le juger mon peu de savoir sur cette fraction de mon pays. »

Entre les lettres de Vernon et celles de Willoughby, quel contraste ! Il était difficile d’admettre que les deux hommes fussent des parents voyageant ensemble, ou même que Vernon Whitford fût Anglais de naissance et d’origine. Les mêmes scènes décrites par ces deux plumes n’offraient rien d’analogue. Vernon était dénué d’ironie. Il n’avait rien de la puissance créatrice de Willoughby, dont, en lisant ses lettres, sa famille et ses amis s’écriaient à chaque instant :