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CHAPITRE V

traits s’harmonisaient, le nez ne trônait pas avec l’ordinaire dignité d’une duègne parmi de jeunes évaporées, cependant il était d’un dessin pur, non pas érigé en arête aiguë interrogative, ni invitant aux ébats folâtres. Le reflet des trembles dans la rivière, attendant la brise, pourrait fournir à quelque imaginatif amant une évocation de sa figure, une pure, douce et blanche face, d’un tendre incarnat aux joues où les gentils reliefs étaient atténués même durant la sérénité. Ses yeux étaient bruns, bien sertis entre les cils soyeux, souvent ombrés, mais jamais torpides. Ses cheveux d’un brun plus clair, gonflés au-dessus des tempes, depuis la courbe au sommet, imposaient le triangle du fabuleux, farouche visage du pays des bois, du front à la bouche et au menton, évidemment en accord avec son goût, et le triangle lui allait bien : mais sa figure n’exprimait point une sauvagerie inapprivoisable ou de faiblesse ; sa bouche égale, bien fermée, jetait sa courbe au-dessus du petit menton arrondi et la préservait de cet effet, ses yeux ne battaient que durant l’émotion, ils restaient fixes quand la pensée était sollicitée ; alors l’édifice en hêtraie hivernale de ses cheveux perdait son apparence nymphéale et fantasque et par des lignes plus simples ajoutait à son attitude de studieuse concentration. Observez le faucon, les ailes éployées au-dessus de la proie qu’il guette et vous pourrez vous faire une idée de ce changement de physionomie de cette jeune lady que Vernon Whitford comparait à la Montagne Écho et