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Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/91

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L’ÉGOÏSTE

— Un serment ! s’écriait Miss Middlieton.

— Ce n’est pas une illusion, mon amour, quand je vous dis que je les vois. Le cercle de singes grimaçants se resserre autour de moi. Mais jurez donc ! Dites. Et plus jamais je ne vous en reparlerai. Ma faiblesse, direz-vous ? Vous comprendrez que c’est de l’amour, l’amour d’un homme, plus fort que la mort.

— Un serment ? disait-elle, et ses lèvres se mirent en mouvement pour lui rappeler ce qu’elle pouvait avoir dit et avoir oublié. Un serment ? Lequel ?

— Que vous me serez fidèle dans la vie et dans la mort. Chuchotez-le !

— Willoughby, je serai fidèle aux vœux que je prononcerai à l’autel.

— À moi ? À moi ?

— Ce sera à vous.

— Sur mon âme, il ne peut y avoir de joie pour moi, l’angoisse jusqu’à ce que j’aie votre parole, Clara. J’y crois. Implicitement. Ma confiance en vous est absolue.

— Alors, ne vous tourmentez pas.

— C’est pour vous, mon amour. Que vous soyez armée et forte quand je n’y serai plus pour vous protéger.

— Nos vues sur le monde sont différentes, Willoughby.

— Consentez ! Gratifiez-moi. Jurez-le ! Dites : « Au delà de la mort. » Dites-le dans un souffle. C’est tout ce que je demande. Les femmes croient que la