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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/112

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

celle de votre feu dans mon sang. Tenez : je vous adresserai un mot à votre hôtel pour vous indiquer l’heure propice. Et vous viendrez ; vous serez tout de suite près de moi, je le sais. Je vous connais si bien.

— En général, ô Lutèce, les femmes ne connaissent guère qu’à demi un homme, même celui qu’elles ont épousé. Mais vous, du moins, vous devriez me connaître. Vous savez que si je pouvais donner libre cours à ma volonté, — et elle n’hésiterait pas au commandement, — je vous emporterais tout de suite et vous épargnerais le détestable émoi qui va vous agiter pendant notre intermède avec vos parents.

— Pour un peu, je le souhaiterais, dit Clotilde, avec un regard presque implorant. Puis elle se mordit les lèvres, comme pour retenir ce vœu timide.

Alvan posa le doigt sur une fossette de la jeune fille :

— Soyez brave ; la fuite et le défi au monde restent notre dernier recours. Maintenant que je vous vois résolue, je souhaite encore plus éviter un scandale dont nous laisserons la responsabilité à ceux qui nous y contraindraient. Comment pourriez-vous n’être pas décidée, après que j’ai infusé ma volonté dans vos veines ? L’autre jour, sur la montagne… auriez-vous consenti, alors ? C’eût été bien, certes, mais moins bien. Nous avons tous deux un avenir à ménager, et force nous est, si nous le pouvons, de donner pour l’édification des lecteurs, une bonne et sage tenue aux chapitres initiaux de notre histoire. C’est de la maison paternelle que je veux vous emmener, au bras de votre