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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/117

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

VIII

Alvan resta seul. Il gardait une foi entière dans la soumission de la fantasque Clotilde et dans le courage dont il avait su l’animer. En ce qui concernait le côté purement matériel du conflit, seul à envisager désormais, il n’était guère besoin d’un plan de campagne. Qui put jamais retenir une femme résolue à l’action ? Maris et parents s’y sont en vain évertués : ils n’ont point, il est vrai, affaire à la même espèce de femme, mais c’est la même force primitive qui pousse la fille ou l’épouse rebelle à rompre en visière avec les conventions et à faire montre de magnifique déraison. Cela, naturellement, quand sa décision est prise, quand un tentateur sut l’aiguiller sur un but défini et l’exalter assez pour lui faire franchir d’un bond toutes les barrières. Alvan se flattait d’y avoir réussi. Il remerciait le ciel de devoir se mesurer avec des parents. L’apaisante consciente de sa pureté d’intentions imposait silence à sa violence naturelle, qui se fût autrement réjouie d’un refus, prétexte au réveil de ses fureurs. Il voulait, pour prendre femme, obéir à la loi des citoyens rangés : un refus mettrait à mal cette louable ambition, mais les parents en