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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/151

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

X

Son ami le colonel de Tresten se trouvait près de lui, quand se produisit la contre-attaque ennemie, sous forme d’une lettre de Clotilde apportée par le comte Walburg et son compagnon. Ce n’était pas une réponse ; c’était un avis de rupture.

Brièvement, en mots glacés bien faits pour une telle déclaration, Clotilde signifiait que le passé devait être mort entre eux ; elle appartenait désormais à sa famille ; elle avait quitté la ville. Elle ignorait où se trouvait Alvan, mais tenait à lui faire entendre qu’ils devaient, à l’avenir, être étrangers l’un à l’autre.

Alvan brandit le hideux papier, après l’avoir lu ; il le frappa du doigt et le froissa dans sa main. Muette imprécation d’un homme que l’outrage à sa passion réduisait, pour un moment, à l’état de brute. Le front sinistrement contracté, il agitait à bout de bras, dans son poing crispé, la lettre empoisonnée.

Tresten vit que son ami se croyait parfaitement maître de soi parce qu’il n’avait pas ouvert la bouche et avait su conserver une apparente courtoisie.