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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/152

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

— Vous vous êtes acquittés de votre mission, dit-il au comte Walburg, dont le compagnon semblait peu disposé à se retirer sans assurance positive et insistait pour emporter une réponse.

Alvan se tourna vers lui et lui désignant le papier :

— Vous acceptez la responsabilité de ceci ?

— Certainement.

— C’est un mensonge.

— Pareille visite est une provocation, fit observer Tresten au comte Walburg.

— Nous ne l’avons pas faite dans cette intention, répliqua le comte en s’inclinant d’un air pacifique. Son ami n’était pas homme d’épée et n’avait pas à relever une insulte. Ils se retirèrent pour laisser la lettre faire son œuvre.

Les natures puissantes, dans leurs sursauts de fureur, ne s’observent qu’au vol, comme un nain regarde un monstre, comme les Scythes attaquaient la phalange. À entendre les rugissements d’un Hercule revêtu de la fatale tunique, nombre de braves petites gens mettraient en doute la noblesse de son amour pour Déjanire. Ils concluraient que ce n’était pas un amour chevaleresque et que le héros pensait trop à lui-même. Ils en viendraient à douter que ce fût un gentleman ! Déception du coup d’œil furtif jeté sur le demi-dieu, pour des hommes vêtus de confortables tuniques ! Il y eut une explosion furieuse et brève qu’Alvan maîtrisa soudain pour demander vivement ce que la baronne pensait de Clotilde et avait entendu dire d’elle. Tresten indiqua, d’un geste, que les renseignements étaient médiocrement encourageants.

— Oui, ma Clotilde a des ennemis par centaines,