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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/174

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

XII

Elle courut au jardin, et s’assit, pour lire, à l’ombre du mur. Elle s’y trouvait seule et à l’air. Et aussitôt, les termes de sa propre lettre à la baronne surgirent à son esprit, avec une violence de bête agressive, comme une réponse discordante et ironique à ce qu’elle lisait. Deux fois elle s’arma de ce souvenir pour relire les lignes odieuses qui finirent par l’enserrer de leurs tentacules de pieuvre. Cette lettre la faisait frissonner comme une crevasse de glacier. Oh ! quelle réponse à sa prière respectueuse et fervente, à son innocente sollicitation d’affection maternelle et de bienveillante amitié !

Froidement, la baronne se disait en ville pour tâcher d’arranger une affaire qui semblait entrer dans une fâcheuse et infranchissable impasse. Elle faisait allusion à sa solide amitié pour Alvan, mais songeait surtout à l’intérêt de Clotilde, en l’engageant à rompre de la façon la plus discrète possible, tous rapports avec le Dr Alvan. Ce but ne pouvait être atteint que par l’intervention de la baronne, et c’est son amitié pour Alvan qui l’avait poussée à se charger de cette déplaisante mission. Elle priait