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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/184

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

donner à sa malice et s’adonner à la joie de blesser tout être, — fût-ce son amant — qui se trouvât en rapports avec ce Tresten.

La lettre de la baronne et la visite de son admirateur avaient empoisonné le sang de Clotilde. Elle ne commandait plus à ses pensées ; nulle envie n’inspirait de direction à ses désirs ou à son imagination ; seule vivait en elle la soif de chaleur, la soif de caresses prodiguées par les siens, jusqu’au jour où, sans un regard en arrière, elle leur dirait adieu, un adieu solennel comme un adieu sur une tombe, et sans plus de regret que l’adieu automnal de l’hirondelle à son nid sous les combles. Ils sauraient alors quelle part de responsabilité ils encouraient pour la suite de son histoire. Il y aurait une suite, elle en était sûre, ne fût-ce que pour les punir d’avoir, à force de cruauté, contraint sa faiblesse à acheter la paix à tout prix, de l’avoir conduite à simuler le contentement, pour apaiser la brûlure de sa plaie et leur colère.