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Page:Merimee - Chronique du regne de Charles IX, La Double meprise, La Guzla, Charpentier 1873.djvu/150

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dame espagnole de la plus grande beauté, autant qu’il en avait pu juger sans lumière, mais il ne dit pas un mot des soupçons qu’il avait formés sur son incognito.



CHAPITRE XVI.

L’AVEU.


Amphitryon.
Ah ! de grâce, cessons, Alcmène, je vous prie,
Et parlons sérieusement.

Molière, Amphitryon.


Deux jours se passèrent sans messages de la feinte Espagnole. Le troisième, les deux frères apprirent que madame de Turgis était arrivée la veille à Paris, et qu’elle irait certainement faire sa cour à la reine mère dans la journée. Ils se rendirent aussitôt au Louvre, et la rencontrèrent dans une galerie, au milieu d’un groupe de dames avec qui elle causait. La vue de Mergy ne parut pas lui causer la moindre émotion. Pas la plus légère rougeur ne colora ses joues ordinairement pâles. Aussitôt qu’elle l’aperçut, elle lui fit un signe de tête, comme à une ancienne connaissance, et, après les premiers compliments, elle lui dit en se penchant à son oreille : — Maintenant, je l’espère, l’opiniâtreté huguenote est un peu ébranlée ? Il fallait des miracles pour vous convertir.

— Comment ?

— Quoi ! n’avez-vous pas éprouvé par vous-même les surprenants effets du pouvoir des reliques ?

Mergy sourit d’un air incrédule.

— Le souvenir de la belle main qui m’a donné cette