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Page:Merimee - Chronique du regne de Charles IX, La Double meprise, La Guzla, Charpentier 1873.djvu/257

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Il s’agissait d’une jument noire que Châteaufort avait un peu surmenée et qui était menacée de devenir poussive. — Fort bien, dit Châteaufort, qui n’avait pas écouté la question. — Perrin ! s’écria-t-il en étendant vers lui la jambe qui reposait sur le dossier du canapé, savez-vous que vous êtes heureux de m’avoir pour ami ?…

Le vieux commandant cherchait en lui-même quels avantages lui avait procurés la connaissance de Châteaufort, et il ne trouvait guère que le don de quelques livres de Kanaster et quelques jours d’arrêts forcés qu’il avait subis pour s’être mêlé d’un duel où Châteaufort avait joué le premier rôle. Son ami lui donnait, il est vrai, de nombreuses marques de confiance. C’était toujours à lui que Châteaufort s’adressait pour se faire remplacer quand il était de service ou quand il avait besoin d’un second.

Châteaufort ne le laissa pas longtemps à ses recherches et lui tendit une petite lettre écrite sur du papier anglais satiné, d’une jolie écriture en pieds de mouche. Le commandant Perrin fit une grimace qui chez lui équivalait à un sourire. Il avait vu souvent de ces lettres satinées et couvertes de pieds de mouche, adressées à son ami.

— Tenez, dit celui-ci, lisez. C’est à moi que vous devez cela. Perrin lut ce qui suit :

« Vous seriez bien aimable, cher monsieur, de venir dîner avec nous. M. de Chaverny serait allé vous en prier, mais il a été obligé de se rendre à une partie de chasse. Je ne connais pas l’adresse de M. le commandant Perrin, et je ne puis lui écrire pour le prier de vous accompagner. Vous m’avez donné beaucoup d’envie de le connaître, et je vous aurai une double obligation si vous nous l’amenez.

« Julie de Chaverny. »

« P. S. J’ai bien des remercîments à vous faire pour