Page:Merlant - Bibliographie des œuvres de Senancour, 1905.djvu/28

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Les titres à effet sont supprimés, ou voilés. Il rétablit celui-ci : « Si tout l’honneur des femmes… »

La première partie du traité du Mariage renvoie à une « note sur la loi du divorce » (contre M. de Bonald, 1816). Elle conserve la deuxième édition pour le fond, en le développant. Mais il y a moins de fougue dans le style, qui, dans la deuxième édition, était souvent celui d’un pamphlet. Les mêmes expressions reviennent, mais entourées de réflexions plus posées. Ainsi B disait : « J’avouerai qu’en supposant les choix les plus réfléchis, sur cent unions indissolubles, on doit en espérer une heureuse. » C dit : « Si même nous supposons des choix très réfléchis, à peine pourrons-nous compter, sur vingt unions indissolubles, deux unions exemptes d’amers repentirs ».

La deuxième partie est une suite de conseils sur la manière dont il faut s’aimer dans le mariage. Sénancour est demeuré très méfiant sur les chances de bonheur dans l’étal conjugal : retrancher la passion, tout ramener à la fidélité volontaire. D’ailleurs la volonté ne peut créer l’harmonie. Sur les mariages de bonté (le sien ? ) : « Si on ne s’abuse pas, du moins on se laisse diriger ; complaisant lorsqu’il faudrait être circonspect, on s’expose par des condescendances irréfléchies à de longs regrets, et des motifs passagers font prendre des résolutions irrévocables. » L’analyse de l’intimité dans le mariage fait penser d’avance à la Physiologie du mariage de Balzac, qui n’ignorait pas le livre de Sénancour. Pourquoi il faut une dizaine d’années entre le mari et la femme ; — différence de la condition des femmes dans les hautes classes (où le mari est chef) et chez les paysans (où la femme a de l’ascendant) ; il ne faut pas viser à l’égalité, à la fraternité des sexes dans le mariage, digression sur l’égalité en général pour revenir au mariage : « Le pays où on vivra content sera celui où chaque caractère, au milieu de mœurs fortement déterminées (c’est toujours ridée des physiocrates : découvrir une organisation mathématiquement parfaite) rencontrera la nuance qui doit Jui être propre, et l’habitude à laquelle il pourra se faire sans contrainte ». Sénancour a souffert de vivre en un temps de dissolution morale.

Un chapitre de cette deuxième partie porte en titre cette question précise : L’ordre moral exige-t-il qu’on se borne ; i ce que les lois autorisent positivement ? « Il se pourrait, dit-il, qu’il y eût dans la pensée la plus pure du plus juste