Page:Merlant - Bibliographie des œuvres de Senancour, 1905.djvu/46

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A cette même 27e Méditation, Sénancour avait joint, pour ajouter encore à la « note supplémentaire », quelques observations assez piquantes sur les abus de style, à son sens, de l’école romantique, qu’il n’a pas ménagée W.

« Le style se ressent de cette affectation. La poussière est fauve, l’espérance est blonde, l’inspiration sera maladive, les crimes sont lièdes. On est trempé d’un acier, les villes ont des écharpes et les frégates portent des robes. Ce n’est pas le baragouin recherché des Précieuses, mais c’est à peu près l’équivalent ». Ecrit transversalement : « Les cercueils confortables et les tombeaux fashionables. »

Beaucoup de fiches portent, seulement les lettres initiales d’une série de mots, et sur ces véritables rébus, Sénancour a encore fait des corrections.

28e. Une fin nouvelle, qui mêle d’une manière curieuse le langage des sectes maçonniques à celui de la mystique chrétienne : « Des moyens interdits maintenant, des organes nouveaux ne pourraient-ils être accordés ?… Sans nous livrer à des idées chimériques (toujours la précaution), mettons notre espoir dans les ressources de Vart sublime. Les bornes du possible sont très reculées peut-être, pour quiconque a reçu un don illimité en quelque sorte, le don de la parole. Déjà elle nous ouvre le monde, pourquoi serions-nous ensuite rejetés ? Si nous invoquons des temps meilleurs, si nous acceptons réellement notre destinée, elle s’accomplira. Alais afin de n’être pas jugés indignes, veillons chaque jour, et appuyons-nous fidèlement sur Vami exempt de nos misères que noire conscience suppose pour se faire écouter plus heureusement. » (C’est la notion du Fils intercesseur.) <2).

Observation ajoutée dans la 28e : « Il ne suffit pas de dire vrai et de bien dire, il faut encore parler assez dans des vues de conciliation et dans tout autre intérêt moral. On sent que nos différentes relations avec les animaux restent difficiles parce que la parole est en cela d’un très faible usage. Mais avec les hommes combien l’on hésite à s’expliquer convenablement ? Retenu par la crainte de rencontrer une opposition trop familière, on risque des mots inutiles à la place d’éclaircissements plus directs, qui tendraient à resserrer les liens d’amitié ou de famille. »

Ajouté au commencement de la 28", octobre 1835.

(1) Cf. pp. 67, 68, 69.

(2) Cf. p. 47.